La sobriété n’est pas un nouveau leitmotiv pour classes urbaines habituées à l’opulence. Les ménages précaires la pratiquent déjà, bon gré ou mal gré, avec ingéniosité. Gaëtant MANGIN et Alex ROY détaillent dans cet article publié sur The Conversation cette expertise en optimisation des ressources.
« C’est une forme de débrouillardise populaire écologique qui se développe en situation de contrainte économique, prise dans une ambiguïté entre sobriétés subie et quête d’estime sociale d’une expertise citoyenne. »
« Pour parvenir à « boucler les fins de mois », les plus précaires n’ont en effet d’autres choix que d’opérer à des optimisations et arbitrages articulés autour de sept besoins principaux relevant d’une égale importance : se loger et aménager son logement, pour s’y sentir véritablement chez soi ; se nourrir d’une manière jugée convenable ; se déplacer de façon à ne pas se sentir assignée à un territoire restreint ; se vêtir de manière confortable et valorisante ; s’alimenter en énergie et en eau de manière suffisante, mais supportable ; développer des liens de solidarité pour s’entraider dans la difficulté ; prendre soin de soi et des autres, afin de conserver une estime de soi suffisante. »
« Les dépenses sont ainsi prises dans une sorte de matrice mentale qui suppose, avant toute chose, de pourvoir à ses besoins tout en se conformant aux contraintes budgétaires. Le registre de pratiques autour des économies d’énergie et de l’eau est représentatif de cette sobriété sous contrainte impliquant une charge mentale dont beaucoup préféreraient se défaire. »