Garonne à l'étiage, crédit SMEAG

Changement climatique et ressource en eau

2021 | Dossier

Résumé

Les impacts du changement climatique sur les paramètres météorologiques dans le Sud-Ouest de la France aggraveront la pénurie actuelle d’eau et conduiront à un manque d’eau chronique avec pour conséquence une transformation radicale des territoires et des activités humaines. Des actions d’adaptations proactives permettront de limiter les conséquences néfastes de ces évolutions.

Un défi climatique majeur

L’entrée dans l’ère industrielle s’est traduit par l’utilisation massive des ressources fossiles et une forte accélération de la croissance. Ainsi, la production alimentaire, industrielle, énergétique, les transports et nos modes de vies ont connu de grands bouleversements tout en accroissant la dépendance à ces ressources et les émissions de gaz à effet de serre.

L’augmentation de ces concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère conduit à un changement climatique qui fait peser des risques majeurs sur les milieux naturels, les espaces de vie et les activités socioéconomiques. Des impacts sont d’ors et déjà observés, en particulier l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes qui a déjà entraîné des effets irréversibles sur les systèmes naturels et humains. Dans toutes les régions du monde, les personnes et les systèmes les plus vulnérables sont déjà affectés de manière disproportionnée. Ainsi, entre 2010 et 2020, la mortalité humaine due aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes était 15 fois plus élevée dans les régions très vulnérables que dans les régions très peu vulnérables et c’est aujourd’hui entre  3,3 à 3,6 milliards de personnes qui vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique.

 

Par sa vitesse et par son intensité, le changement climatique va rapidement mettre à rude épreuve la capacité d’adaptation des écosystèmes et des sociétés humaines.

 

Pour limiter l’ampleur de ces impacts, une série d’actions dites d’atténuation vise à s’attaquer aux causes du changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Ce sont particulièrement ces actions qui font l’objet de débats intenses au sein des conférences des parties (COP) organisées chaque année.

 

Les impacts sur les territoires sont toutefois inévitables et s’avèrent critiques pour les zones les plus vulnérables. Non seulement les impacts climatiques se rajoutent aux pressions anthropiques locales croissantes qui s’exercent sur la biodiversité, les ressources et les milieux naturels, mais ils affectent également les populations, les infrastructures et les activités sociales, économiques et culturelles.

 

Les impacts actuels et à venir et les solutions possibles pour réduire les conséquences néfastes du changement climatique ont fait l’objet de nombreux travaux de recherche et sont rassemblées dans les rapports du Giec.

Évolution constatée des émissions mondiales du seul CO2 de 1860 à 2012, en millions de tonnes (https://jancovici.com )

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. Le Giec produit des rapports de synthèse sur l’état des connaissances validés par les gouvernements de tous les pays du monde.

 

Emissions de CO² dans les cinq scénarios (GIEC, 2021)

Dans la première partie de son dernier rapport (2021), le Giec a présenté 5 scénarios d’émissions et leurs conséquences en termes d’augmentation de la température à l’horizon 2100 par rapport aux niveaux préindustriels :

 

le SSP1-1.9 : scénario très ambitieux pour représenter l’objectif 1,5°C de l’Accord de Paris.Pour cela, les émissions anthropiques mondiales nettes de CO2 doivent diminuer d’environ 45 % depuis les niveaux de 2010 jusqu’en 2030 et tomber à zéro vers 2050.

le SSP1-2.6 : scénario de développement durable. Les émissions de CO2 doivent diminuer d’environ 25 % d’ici à 2030 et devenir nulles vers 2070.

 

le SSP2-4.5 : scénario intermédiaire ;

 

le SSP3-7.0 : scénario de rivalités régionales ;

 

le SSP5-8.5 : poursuite du développement actuel basé sur les énergies fossiles.

 

Quel que soit le scénario SSP retenu, le réchauffement s’élève déjà à 1,1°C, et pourrait atteindre 1,5°C entre 2030 et 2052. Comparé à une augmentation de 1,5°C, un scénario d’augmentation à 2°C conduirait à des impacts généralisés et potentiellement irréversibles beaucoup plus importants, en particulier pour les systèmes humains et les écosystèmes les plus vulnérables. Les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5°C sans dépassement ou avec un dépassement minime exigeraient des transitions rapides et radicales dans les domaines de l’énergie, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des infrastructures (y compris transports et bâtiments) et des systèmes industriels. Ces transitions systémiques sont sans précédent pour ce qui est
de leur ampleur, mais pas nécessairement de leur rythme, et supposent des réductions considérables des émissions dans tous les secteurs, un large éventail d’options en matière d’atténuation et une hausse nette des investissements dans ces options.

La deuxième partie du sixième rapport du Giec traduit plus explicitement les conséquences de ces scénarios. Les motifs de préoccupation (RFC pour Reasons for Concern)  traduisent ainsi les conséquences pour cinq grandes catégories de risques en supposant une adaptation faible à nulle.

 

Augmentation de la température de surface dans chaque scénario par rapport aux niveaux de 1850-1900 et les risques encourus (GIEC, 2022)

RFC1 : Systèmes uniques et menacés : les systèmes écologiques et humains dont l’aire de répartition géographique est limitée par des conditions liées au climat et qui présentent un fort endémisme ou d’autres propriétés distinctives (récifs coralliens, l’Arctique et ses peuples autochtones, les glaciers de montagne et les zone critique de biodiversité.

 

RFC2 : Événements météorologiques extrêmes : risques/impacts sur la santé humaine, les moyens de subsistance, les biens et les écosystèmes en raison des événements météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes pluies, la sécheresse et les incendies de forêt associés, et les inondations côtières.

 

RFC3 : Distribution des impacts : risques/impacts qui affectent de manière disproportionnée certains groupes en raison d’une distribution inégale des dangers physiques liés au changement climatique, de l’exposition ou de la vulnérabilité.

 

RFC4 : Impacts globaux agrégés : impacts sur les systèmes socio-écologiques qui peuvent être agrégés au niveau mondial en une seule mesure, comme les dommages monétaires, les vies affectées, les espèces perdues ou la dégradation des écosystèmes à l’échelle mondiale.

 

RFC5 : Événements singuliers à grande échelle : changements relativement importants, abrupts et parfois irréversibles dans les systèmes, tels que la désintégration de la calotte glaciaire ou le ralentissement de la circulation thermohaline.

 

Les risques clés sont identifiés en fonction de l’ampleur des conséquences négatives (omniprésence des conséquences, degré de changement, irréversibilité des conséquences, possibilité de seuils d’impact ou de points de basculement, possibilité d’effets en cascade au-delà des limites du système), de la probabilité des conséquences négatives, des caractéristiques temporelles du risque et de la capacité à répondre au risque, par exemple par l’adaptation.

En Europe, quatre risques principaux ont été identifiés : vague de chaleur, pertes de rendements agricoles, pénurie d’eau et inondations. Les effets les plus sévères toucheront les régions du sud de l’Europe, et si la température grimpe à +3°C, les risques climatiques seront tels que même une politique ambitieuse dans le domaine de l’adaptation ne suffira pas à contrer des effets irréversibles.

Principaux risques pour la région « Europe » (GIEC, 2022)

 

 

Les grandes villes européennes sont particulièrement vulnérables : le risque de mortalité lors de vague de chaleur s’amplifie. Des pertes de rendements agricoles sont à prévoir pour la fin du siècle, en particulier dans le sud de l’Europe sans pouvoir être compensées par les éventuels meilleurs rendements dans le nord. Les pertes de rendement du maïs atteindront 50 % en réponse à un réchauffement climatique de 3 °C, en particulier en Europe du Sud.

La pénurie d’eau affecterait d’ailleurs un tiers de la population du sud de l’Europe à +2°C et les deux tiers à +3°C. Au-delà, le manque d’eau deviendra extrêmement aigu en villes, dans l’ouest, le centre et le sud de l’Europe. Enfin, en l’absence d’adaptation adéquate, les dégâts causés par les inondations côtières seront multipliés par dix d’ici la fin du siècle.

Pour chacun des risques majeurs, le Giec dresse un état des lieux des réponses possibles dont les principales sont les suivantes :

-Vagues de chaleur : changement de comportement combiné à des interventions sur les bâtiments, au refroidissement des espaces et à la planification urbaine pour gérer les risques liés à la chaleur;

-Pertes de rendements agricoles : l’irrigation, la couverture végétale, les changements dans les pratiques agricoles, les espèces végétales et animales, et les plantations itinérantes;

Pénurie d’eau :  l’amélioration de l’efficacité, le stockage et la réutilisation de l’eau, les systèmes d’alerte précoce et le changement d’affectation des sols;

-Inondations: les systèmes d’alerte précoce, la réservation d’espace pour l’adaptation basée sur l’eau et les écosystèmes, les options basées sur les sédiments ou l’ingénierie, le changement d’affectation des sols et le recul stratégique.

Enfin, le Giec rappelle l’importance des interactions entre climat, écosystèmes (y compris la biodiversité) et les sociétés humaines dans un contexte où les impacts observés, les risques projetés, les niveaux et les tendances de la vulnérabilité, et les limites de l’adaptation, imposent une orientation vers un développement résilient. C’est à dire des trajectoires qui consolident le développement durable à diverses échelles, amplifient la lutte contre la pauvreté grâce à des transitions et des transformations équitables de la société, favorisent la santé et le bien-être humain et le bon fonctionnement des écosystèmes et du système climatique, tout en réduisant la menace que représente le changement climatique grâce à la mise en place de mesures ambitieuses d’atténuation et d’adaptation et au renforcement de la résilience face au changement climatique.

Du risque climatique au développement climatique résilient (Giec, 2022)

En effet, si les interactions entre climat, écosystèmes et les sociétés humaines sont à la base des risques liés au changement climatique, à la dégradation des écosystèmes et à la perte de biodiversité, elles sont aussi des opportunités de transformation pour l’avenir. Les solutions d’adaptation fondées sur la nature sont un exemple de ces actions renouvelant les interactions et pouvant compléter les réponses déjà apportées au problème du changement climatique.

 

En parallèle de ces rapports à l’échelle globale, de nombreuses expertises des évolutions et des impacts diligentées à l’échelle locale confirment des tendances. Pour le Sud-Ouest de la France, les problématiques de l’eau sont particulièrement concernées. Le bassin Adour-Garonne va connaître des modifications hydrologiques majeures, avec des répercussions importantes pour la gestion de l’eau et pour les milieux aquatiques.

 

En effet, d’ici 2050, les travaux que  l’Agence de l’eau a mobilisés pour établir un bilan convergent pour prédire :

  • Une augmentation de la température moyenne annuelle de l’air d’au minimum + 2°C ;
  • Une augmentation de la fréquence des situations extrêmes (sécheresses, crues et inondations) ;
  • Pas d’évolution sensible du cumul annuel de précipitations ;
  • Une baisse moyenne annuelle des débits naturels des cours d’eau comprise entre -20 % et -40 % et de l’ordre de -50 % en périodes d’étiage qui seront plus précoces, plus sévères et plus longues ;
  • Une diminution de la durée d’enneigement sur les massifs dans lesquels la disparition des derniers glaciers va s’accompagner d’une diminution de leur contribution aux débits d’étiage ;
  • Une augmentation de l’évapotranspiration (des sols et de la végétation) comprise entre +10 % et +30 % ;
  • Une augmentation induite de la sécheresse des sols ;
  • Une tendance à la baisse de la recharge des nappes, très variable selon les secteurs et le type de nappes, allant de +20 % à -50 % ;
  • Une augmentation également significative de la température des eaux de surface (déjà réelle aujourd’hui : +1,5°C en 40 ans) ;
  • Une élévation du niveau de l’océan, de l’ordre de 21 cm (et de façon très probable comprise entre 60 cm et 1 m en 2100).

Evolution des débits à l’horizon 2050 (AEAG, 2021)

Ces impacts se font déjà sentir aujourd’hui, mais le déséquilibre hydrologique entre besoins et ressources actuellement estimé entre 200 et 250 millions de m³ reste sans commune mesure avec le potentiel déficit en 2050 estimé à 1,2 milliard de m3 par le seul effet du changement climatique (à stocks, objectifs environnementaux et usages constants) alors même que dans le bassin Adour Garonne, une hausse de la population de l’ordre de 1,5 million d’habitants est prévue pour la même échéance. Dans le prolongement de ces tendances, à l’horizon 2100, le Grand Sud-Ouest risque de connaître des sécheresses agricoles prolongées et de fortes intensités, totalement inédites pour le territoire.

Les sécheresses recouvrent plusieurs phénomènes qu’il est nécessaire de distinguer. On compte ainsi quatre types de phénomènes:

La sécheresse météorologique correspond à un déficit prolongé de précipitations;

La sécheresse agricole se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels, suffisant pour altérer le bon développement de la végétation. Elle dépend des précipitations et tient compte de l’évaporation des sols et de la transpiration des plantes. La sécheresse agricole est donc sensible aux précipitations, à l’humidité et à la température de l’air, au vent, mais aussi à la nature des plantes et des sols;

Projections climatiques des sécheresses en France (Météo France, Climat HD, 2021)

La sécheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs, rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas. Elle dépend des précipitations, mais aussi de l’état du sol influant sur le ruissellement et l’infiltration. Le réseau hydrographique détermine les temps de réponse aux déficits de précipitations observés sur différentes périodes;

La sécheresse socio-économique intègre les caractéristiques des sécheresses météorologique, agricole et hydrologique en y associant les explications socio-économiques. Ce type de sécheresse propose généralement une lecture en termes d’offre et de demande en eau.

Source : Donald A. Wilhite & Michael H. Glantz (1985) Understanding: the Drought Phenomenon: The Role of Definitions, Water International, 10:3, 111-120.

Tous ces impacts sont également très dépendants et à mettre en perspective avec les évolutions de la démographie sur le bassin (+1,5 million sur le territoire d’ici 2050), le contexte économique et les politiques de gestion de l’eau sur le secteur agricole. D’éventuelles stratégies régionales de relocalisation d’activités industrielles ou alimentaires renforceront les besoins de ressources. Plus globalement, les actions qui pourront être entreprises à l’échelle internationale auront également des conséquences importantes.

 

Il est à noter que le changement climatique a un impact plus indirect en introduisant une nouvelle complexité dans la gestion de l’eau puisqu’il faut à présent composer avec le temps long, les projections climatiques et des incertitudes importantes.

L’adaptation en réponse aux impacts du changement climatique

Au regard de l’intensité des impacts, l’atténuation n’apparaît plus comme une réponse suffisante pour lutter contre les changements climatiques et oblige à recourir au second type d’action de lutte contre le changement climatique : l’adaptation.

 

Des actions politiques ont été entreprises en ce sens à différents niveaux. A l’échelle internationale et européenne, les décisions au sein des Conférences des Parties et la stratégie d’adaptation de l’Union européenne tracent les voies pour l’adaptation au changement climatique. A l’échelle nationale, La politique d’adaptation récemment déclinée dans le 2ème plan national d’adaptation déploie un cadre d’action à plusieurs niveaux.

L’adaptation au changement climatique se traduit aussi par dans des  politiques et schémas régionaux qui peuvent s’appuyer sur des expertises régionales en Occitanie et en Aquitaine. L’adaptation est également une composante majeure des actions à mener dans le cadre des plans climat-air-énergie territorial et monte en puissance dans les politiques de l’eau. Enfin les acteurs privés et les individus se mobilisent aussi pour agir de manière plus ou moins organisés, adapter leurs usages et changer leurs pratiques.

Politique d’adaptation française (Onerc, 2021)

L’adaptation au changement climatique est donc nécessaire et déjà en cours. Toutefois, sa définition reste complexe et sujette à des évolutions au gré de l’évolution des connaissances scientifiques.

 

Le Giec la définit comme la démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Les actions d’adaptation doivent être efficaces, réalisables et conformes aux principes de justice.

Pour les systèmes humains, il s’agit d’atténuer les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques.

Pour les systèmes naturels, l’adaptation est le processus d’ajustement au climat réel et à ses effets en sachant que l’intervention humaine peut faciliter la réduction des vulnérabilités et réduire les conséquences possibles.

Autrement dit, les objectifs de l’adaptation sont d’anticiper les impacts du changement climatique, de limiter leurs dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui contrôlent leur ampleur et de profiter des opportunités potentielles.

 

Si ces adaptations visent toujours à réduire les effets négatifs, elles peuvent être classées en trois grandes catégories :

 

  • Adaptation autonome ou spontanée: adaptation en réponse à un aléa climatique vécu ou à ses effets, sans aucune préméditation explicite ou consciente et axée sur la lutte contre le changement climatique.

 

  • Adaptation par ajustement: mesures d’adaptation ayant pour objectif principal le maintien de la nature et de l’intégrité d’un système ou d’un processus à une échelle donnée. Ce type d’adaptation est proche de la résilience. On compte notamment l’amélioration des infrastructures, par exemple systèmes d’irrigation efficaces ou la sauvegarde des réserves d’eau comme des ajustements.

 

  • Adaptation transformationnelle: adaptation qui change les éléments fondamentaux d’un système en réponse au climat et à ses effets. Cette adaptation vise une transition et à agir sur la cause de la vulnérabilité. A l’heure actuelle, de nombreuses initiatives donnent la priorité à la réduction des risques climatiques immédiats et à court terme, ce qui réduit les possibilités d’adaptation transformationnelle. On compte par exemple : les changements de modes de vie et d’emplois, un nouvel urbanisme pour protéger la population et les infrastructures, les modifications des pratiques agricoles (diversification des cultures, rapprochement des marchés, etc.), les Solutions d’adaptation fondées sur la Nature.

 

La compréhension des différents types d’adaptation et leur articulation s’avère essentielle dans une perspective d’évaluation des coûts et de définition de plan d’action. Le giec identifie 16 types d’actions pour l’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau.

Effets des adaptations par rapport aux principaux risques liés à l’eau. La force des preuves et la confiance sont relatives aux résultats des publications scientifiques. (Giec, 2022)

 

Par ailleurs si l’adaptation peut générer de multiples avantages, elle peut poser des problèmes, notamment lorsqu’elle se concentre sur un seul secteur ou un seul risque, ou lorsqu’elle privilégie les gains à court terme. Par exemple, les digues peuvent protéger les personnes et les biens à court terme, mais elles peuvent encourager les développements risqués et donc augmenter l’exposition à long terme, tandis que les défenses dures contre les inondations peuvent modifier ou détruire les écosystèmes. Le rapport parle alors de « maladaptation ».

 

En complément, la gouvernance adaptative promue par le GIEC est un cadre plus global pour penser les actions d’adaptation. Ce type de réponse correspond au processus de planification, de mise en œuvre et d’amendement de stratégies, par approximations successives, permettant de gérer les ressources dans un contexte d’incertitude et de changement. La gouvernance adaptative consiste alors à ajuster les méthodes employées en fonction des effets et des changements observés que subit un système, qui découlent des effets de rétroaction résultants et d’autres variables.

Les concepts en lien avec l’adaptation

 

L’aléa est l’éventualité d’une tendance ou d’un phénomène physique, naturel ou anthropique, susceptible d’entraîner des pertes en vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, ainsi que des dégâts et des pertes touchant les biens, les éléments d’infrastructure, les moyens de subsistance, la fourniture de services, les écosystèmes et les ressources environnementales.

 

L’exposition renvoie à la présence de personnes, de moyens de subsistance, d’espèces ou d’écosystèmes, de ressources et de services environnementaux, d’éléments d’infrastructure ou de biens économiques, sociaux ou culturels dans un lieu susceptible de subir des dommages.

 

Le risque est défini comme l’occurrence potentielle d’un événement physique ou d’une tendance naturelle ou anthropique susceptible de provoquer conséquences négatives pour les systèmes humains ou écologiques en reconnaissant la diversité des valeurs et des objectifs associés à ces systèmes. Dans le contexte du changement climatique, le risque peut provenir des interactions dynamiques entre les dangers liés au climat, l’exposition et la vulnérabilité des systèmes humains et écologiques touchés. Les réponses humaines au changement climatique peuvent aussi être génératrices de risque. Le dernier rapport du Giec identifie 127 risques clés.

 

La vulnérabilité est la propension ou prédisposition à subir des dommages, cette vulnérabilité diffère au sein des communautés et entre les sociétés, les régions et les pays, et qu’elle évolue également dans le temps. Cela englobe divers concepts, notamment les notions de sensibilité ou de fragilité et l’incapacité de faire face et de s’adapter. La vulnérabilité des systèmes humains et naturels exposés est également une composante du risque. La vulnérabilité des sociétés humaines est particulièrement déterminée par la situation socio-économique, l’utilisation durable ou non des écosystèmes et par les inégalités contemporaines et passées  et la gouvernance. Ainsi, la dégradation de l’environnement accroît la vulnérabilité des individus en nuisant à la capacité des écosystèmes, des sociétés, des communautés ou des individus.

 

La capacité d’adaptation est la faculté d’ajustement des systèmes, des institutions, des êtres humains et d’autres organismes, leur permettant de se prémunir contre d’éventuels dommages, de tirer parti des opportunités ou de réagir aux conséquences.

 

La capacité de faire face (coping capacity) est l’aptitude des personnes, des institutions, des organisations et des systèmes à réagir efficacement à des situations difficiles et à les surmonter, à court et à moyen terme, en s’appuyant pour cela sur leurs compétences, leurs valeurs, leurs croyances, leurs ressources et d’éventuelles opportunités.

 

La justice est définie à partir des principes moraux ou juridiques de l’équité et de l’impartialité dans la manière dont les gens sont traités, souvent sur la base de l’éthique et des valeurs de la société. La justice sociale englobe les relations justes ou équitables au sein de la société qui cherchent à traiter la répartition des richesses, l’accès aux ressources, les opportunités et le soutien selon des principes de justice et d’équité. La justice climatique comprend la justice qui lie le développement et les droits de l’homme afin de parvenir à une approche du changement climatique fondée sur les droits.

 

La maladaptation correspond aux mesures d’adaptation inadéquates pouvant conduire à une augmentation du risque de conséquences néfastes associées au climat, à une augmentation de la vulnérabilité aux changements climatiques ou à une dégradation des conditions de vie, à présent ou dans le futur. Les réponses inadaptées au changement climatique peuvent créer des verrouillages de la vulnérabilité, de l’exposition et des risques qui sont difficiles et coûteux à changer et exacerbent les inégalités existantes.

 

Les limites de l’adaptation correspondent au point à partir duquel les objectifs d’un acteur (ou les besoins d’un système) ne peuvent se prémunir de risques intolérables par la prise de mesures d’adaptation. Il existe deux types de limites.
-Limite stricte de l’adaptation :Aucune mesure d’adaptation ne permet d’éviter des risques intolérables.
-Limite souple de l’adaptation : Il n’existe actuellement pas de mesures d’adaptation permettant d’éviter des risques intolérables.

 

La résilience est la capacité des systèmes sociaux, économiques et environnementaux à faire face à une évolution, à une perturbation ou à un évènement dangereux, permettant à ceux-ci d’y répondre ou de se réorganiser de façon à conserver leur fonction, leur identité et leur structure fondamentales tout en gardant leurs capacités d’adaptation, d’apprentissage et de transformation.

 

Source : Glossaire GIEC

Dans son 6ème rapport, le Giec préconise des solutions d’adaptation intégrées, multisectorielles et multiniveaux. Ces solutions doivent mettre la réduction des risques, l’équité et la justice au centre des orientations. Enfin, les solutions  doivent renforcer la coopération internationale et de la collaboration des gouvernements avec les communautés, la société civile, les organismes d’éducation, les institutions scientifiques, les médias, les investisseurs et les entreprises ainsi qu’avec les groupes traditionnellement marginalisés comme les femmes, les jeunes et les enfants.

 

La plateforme se donne pour mission de répondre aux besoins techniques, scientifiques et organisationnels concernant l’adaptation à la baisse et à la plus grande variabilité de l’hydrologie et de permettre de limiter l’effet des sécheresses sur les écosystèmes comme sur les usages. Plus concrètement, par son action de communication et de mise en réseaux des acteurs, la plateforme diffuse les options d’adaptations innovantes ou confirmées pouvant être essaimées sur le territoire. Les informations que vous trouverez sur ce site sont là pour vous aider dans ces démarches.

 

crédits photos : Didier Taillefer/Smeag

Dernière modification le 23/11/2023

Ce document a été réalisé avec l’aide financière de :