Comment étudier les modalités de recharge d’une nappe phréatique ? Florence Habets et Antoine Sobaga, à Normale Sup, diffusent sur the Conversation deux article très pédagogiques sur les mécanismes en jeu dans la recharge des nappes en lien avec les précipitations sur sol nu ou cultivé.
Ils s’appuient pour cela sur les données récoltées grâce à des dispositifs ingénieux appelés lysimètres. Ces cylindres verticaux de 2 mètres de haut permettent d’isoler, pour l’observer, une colonne de sol et de mesurer les flux d’eau qui y circulent et l’humidité du sol ainsi monitoré.
Les lysimètres installés de longue date à Fagnières (51) permettent de consolider les connaissances sur la dynamique d’infiltration de l’eau. Les pluies de faible intensité sont plus propices à l’infiltration que les pluies importantes. L’infiltration de la pluie est facilitée quand celle-ci survient après une période déjà pluvieuses et sur un sol déjà humide. Avec les pluies intenses, par exemple lors des journées d’orage, le sol n’est pas en mesure d’absorber le flux d’eau et une partie va ruisseler. Par ailleurs quand le sol est couvert par une végétation active, les plantes capturent l’eau infiltrée dans les premiers décimètres de sol et celle-ci est évapotranspirée. Enfin la circulation de l’eau dans le sol ne se fait pas à sens unique. En effet, l’eau de la nappe peut également remonter vers la surface du sol par capillarité.
Ces éléments sont à mettre en regard du changement climatique et des évolutions attendues de certains paramètres : plus grande variabilité conduisant à davantage de pluies intenses (même si les précipitations restent constantes à l’échelle annuelle), évapotranspiration accrue en période de végétation.
L’intérêt confirmé des enseignements tirés des dispositifs de Fagnières a conduit à proposer le développement d’un réseau national de lysimètres dans le cadre du programme de recherche One Water – Eau Bien Commun. L’objectif est de renforcer l’acquisition d’informations sur la partition des précipitations entre évaporation, ruissellement et infiltration, et de caractériser la dynamique de la recharge des nappes.
Les pluies intenses rechargent-elles les nappes ? (theconversation.com)