PÉNURIES D’EAU : Révision à la hausse du nombre de personnes susceptibles d’être touchées d’ici à 2050

Carte des pénuries d'eau en 2010 et 2050 selon 3 scenarios

Jusqu’à trois milliards de personnes supplémentaires pourraient être confrontées à des pénuries d’eau en 2050, estime une étude parue cette semaine dans Nature communications.

 

Les pénuries envisagées jusqu’ici pourraient en effet s’avérer plus sévères que prévu, notamment en raison de la pollution des sols et plus particulièrement de l’azote.

 

Une équipe de scientifiques des Pays-Bas et d’Allemagne estime dans ses travaux que le problème des pénuries d’eau est d’ores et déjà bien plus préoccupant que ce qui était estimé jusqu’ici et qu’il pourrait encore s’aggraver dans les années à venir.

 

Pour tirer cette conclusion, l’équipe a analysé quantitativement et qualitativement de très nombreux bassins et sous-bassins dans 40 pays du monde. Cette double approche, à la fois quantitative et qualitative, change pas mal les résultats obtenus jusqu’ici. Ainsi, selon leur approche, 2517 sous-bassins d’eau dans le monde étaient confrontés à une pénurie grave en 2010, contre seulement 984 selon les évaluations classiques, qui n’observent que l’aspect quantitatif… Ce chiffre pourrait atteindre 3061 en 2050, dans le scénario le plus pessimiste.

« Le nombre de sous-bassins confrontés à une pénurie grave double en 2010 et peut même tripler en 2050 selon notre évaluation des pénuries d’eau propre, par rapport à des évaluations qui considèrent l’accès à l’eau uniquement selon une perspective quantitative », écrivent les auteurs de l’article.

Carte des pénuries d'eau en 2010 et 2050 selon 3 scenarios

Carte des pénuries d’eau en 2010 et 2050 selon 3 scénarios, tiré de l’article Rapid groundwater decline and some cases
of recovery in aquifers globally.

« Nous montrons que la pénurie d’eau va croître à l’avenir et pas seulement en raison du changement climatique et de l’augmentation des prélèvements. Nous montrons aussi que la production agricole en hausse constante, ainsi que les eaux usées non traitées, conduisent également à une pénurie d’eau propre », avance Benjamin Bodirsky, de l’université de Potsdam.

 

Les voies préconisées par les auteurs pour inverser la tendance vont principalement vers la réduction stricte de l’utilisation des engrais à base d’azote tout en garantissant la pérennité de l’approvisionnement alimentaire. Pour ce faire : ils proposent (comme d’autres) de favoriser certaines variétés alternatives pour les cultures et de promouvoir des régimes alimentaires plus végétalisés.

« La détérioration de l’accès à l’eau peut être arrêtée, et peut même dans une certaine mesure être inversée, si l’on adopte une utilisation des engrais plus efficace ainsi que des régimes alimentaires plus fondés sur les plantes, et si l’on connecte une plus grande proportion de la population mondiale à des installations de traitement des eaux », assure Benjamin Bodirsky.

 

Références de l’article : Jasechko S., Seybold H., Perrone D. et al. Rapid groundwater decline and some cases of recovery in aquifers globally. Nature 625, 715–721 (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-023-06879-8

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